A l’occasion de mars bleu 2021, Patients en Réseau et sa communauté Mon Réseau Cancer Colorectal (MRCCR) se sont mobilisés pour en savoir plus sur les freins et les motivations au dépistage, pour en améliorer l’accès et l’optimiser. 1626 personnes de 50 à 74 ans, dépistées ou non, ont été interrogées lors d’une grande enquête « Le dépistage du cancer colorectal : en pratique, où en sommes-nous ?  ».

Chaque année, le cancer colorectal touche 43000 hommes ou femmes. Le dépistage est proposé à toutes les personnes de 50 à 74 ans. Pourtant, selon une enquête de santé publique France, il ne serait réalisé que par 28,9 % de cette classe d’âge. L’enquête met en avant la perception et les usages du dépistage ainsi que des pistes d’amélioration. Retrouvez-ici l’infographie complète.

Motivation et difficulté d’accès

La quasi-totalité des répondant a reçu le courrier de l’assurance maladie et 6 sur 10 ont pris rendez-vous avec leur médecin traitant, pour récupérer le kit (31 %), à l’occasion d’une consultation déjà prévue (27 %), via un spécialiste ou un centre de dépistage (11 %). La grande majorité des répondants -79 % considère que les informations étaient claires. Finalement, la moitié ont pu faire le dépistage. Un sur cinq n’a pas pu accéder au kit et 35 % ne l’ont pas souhaité ou ont renoncé.

La difficulté d’accès au kit est ainsi la principale raison de non-participation au dépistage. Concernant la remise du kit, la grande majorité des médecins l’a fait lors de la consultation dont 55 % avec les explications adéquates. Un bon chiffre même si un médecin sur cinq n’a donné aucune explication. 8 répondants sur 10 ont trouvé l’utilisation du test simple et sont prêts à le refaire tous les deux ans, même si 14 % ont trouvé difficile la manipulation des selles.

De même, il est important de constater que la coloscopie fait moins peur. La quasi-totalité des répondants sont prêts à en passer une en cas de test positif. « Sincèrement, c’est indolore et les deux jours de diète ne sont rien à côté d’un cancer. » (Verbatim de répondant)


Pistes d’améliorations

Le passage obligatoire chez le médecin traitant semble un frein majeur au dépistage : tous les citoyens n’ont pas de médecin traitant, prendre rendez-vous pour une consultation alors qu’on n’est pas malade et uniquement pour accéder au kit (sans assurance qu’il soit disponible) n’est pas une évidence non plus…

« Je ne m’attendais pas à ce que cela soit un frein aussi important, explique Cyril, membre très actif de MRCCR. Il est essentiel e l’association fasse des propositions pour favoriser cet accès mais aussi sur l’amélioration du contenu et du design du kit. » La première piste d’amélioration préconisée par les répondants concerne donc l’accessibilité du dépistage par plusieurs sources :

  • Le recevoir par courrier (40 %),
  • Le chercher chez le pharmacien de ville (27 %),
  • Choisir comment y accéder (22 %),
  • Le commander sur Ameli (17 %).

Dans certains cas spécifiques, le test pourrait être réalisé dans un laboratoire d’analyse. « J’ai souvent des diarrhées, ce qui complique le moment où je pourrais le faire. » (Verbatim de répondant)

La deuxième piste concerne la communication sur ce dépistage. Après 50 ans, les principales sources sur le dépistage du cancer colorectal sont les médias (41 %), le médecin traitant (31 %), les campagnes de sensibilisation (22 %), les plaquettes et affiches (15 %), la famille quand elle est à risque (10 %). Les répondants préconisent de communiquer davantage sur les bénéfices du dépistage (27 %), sur la maladie (16 %), sur la coloscopie (12 %). Ils sont également 16 % à souhaiter plus de communication pour lever les tabous.

Concernant l’amélioration même du kit, l’association propose de revoir la qualité du papier, plus solide, avec des « collants » plus pratiques. « Le papier que l’on pose sur la cuvette des toilettes ne tient pas du tout c’est trop fragile. » (Verbatim de répondant)
De même, il pourrait être intéressant de préconiser clairement de faire le test le lundi ou mardi -hors jours fériés- pour être sûr que le prélèvement arrive en bon état au centre d’analyse. Autre exemple, il pourrait comprendre deux papiers de recueil, en cas d’échec lors du premier essai, car sinon il faut reconsulter !

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