Les méthodes de radiothérapie continuent de progresser : parmi elles, la radiothérapie hypo-fractionnée qui améliore le confort des patient(es). On fait le point.
En termes de radiothérapie, la dose standard est de 2 Grays (Gy) par séance, ou fraction. On parle alors de radiothérapie normo-fractionnée. Avec des traitements étalés sur plusieurs semaines. La radiothérapie hypo-fractionnée consiste à augmenter la dose par séance de radiothérapie. L’objectif est de donner dose totale équivalente en moins de séances afin de garder l’efficacité biologique. On parle de radiothérapie hypo-fractionnée modérée entre 2 et 5 Gy par séance et d’ultra-hypo-fractionnée au-delà.
Dose et Fractionnement
Cette méthode s’est développée d’abord dans le cadre du cancer de la prostate. Plusieurs essais ont montré son efficacité, également pour les irradiations de métastases, quelle que soit la tumeur d’origine. Aujourd’hui elle se pratique de plus en plus dans le cancer du sein, sous certaines conditions, et est étudiée dans plusieurs localisations.
« A Gustave Roussy, nous avons vu l’opportunité pour les patients d’avoir des traitements moins lourds et pour les services de libérer de la place sur les machines pour d’autres patients traités. L’intérêt majeur est d’ailleurs sociétal. Les patients vont pouvoir retourner plus vite à leur vie et mettre de côté leur cancer avec moins de contraintes et déplacements pour leur traitement », explique le Dr Sofia Rivera, oncologue radiothérapeute, Chef de service de radiothérapie à Gustave Roussy
Nouveaux standards
Plusieurs études randomisées avec un recul de plus de 10 ans, en Angleterre, au Canada et en Asie montrent la non-infériorité des schémas de radiothérapie hypo-fractionnée modérée, dès l’âge de 18 ans.
« Intuitivement, nous avions la crainte que des doses plus fortes par séance créent des effets secondaires plus importants. Or, c’est même plutôt le contraire car la dose totale délivrée sur la semaine est biologiquement équivalente. Avec les techniques modernes, les effets secondaires sont moindres et le principal restant est la fatigue, d’abord liée aux allers-retours ».
L’irradiation en 3 semaines plutôt qu’en 5 et demi est donc aujourd’hui un standard pour toutes les femmes à partir de 18 ans même si ce n’est pas encore passé dans toutes les recommandations. Les bénéfices pour les patientes éligibles à la radiothérapie hypo-fractionnée sont importants : moins de fatigue, moins de déplacements, une durée de traitement plus courte qui permet d’envisager sa reprise d’activité sociale et professionnelle plus rapidement et une qualité de vie préservée. Le système de santé a aussi à y gagner avec une réduction des coûts de transports, une réduction de la pression en nombre de patients à traiter.
L’Institut National du Cancer est en train de les revoir à ce niveau. En cas de ganglions atteints et pour les femmes ayant eu une mastectomie, les résultats sont attendus. Les indications devraient très probablement s’élargir dans les prochaines années.
Le bénéfice est donc individuel en réduisant les déplacements, les contraintes et les durées de traitement. Un frein important est pourtant là, la facturation à l’acte (T2A) qui n’incite pas les centres de radiothérapie à proposer ces nouveaux schémas…
« La radiothérapie hypo-fractionné ne s’adressent pas à toute. Le fractionnement doit être adapté, à la patiente, sa situation, sa morphologie. Quand on donne des médicaments, on adapte la dose au poids, à l’âge, aux effets. Ici, la dose n’est pas en milligrammes mais en grays mais nous agissons de même. La dose par séance ne peut être pas systématiquement pensée au regard de la durée de traitement mais doit s’adapter au patient, pour la bonne dose sans dépasser certains seuils. Je privilégie cette pratique pour les patientes avec un petit volume mammaire, non-fumeuse, à mobilité réduite, âgée ou avec un handicap et moins aux femmes jeunes aux seins denses », précise le Dr Alain Toledano, oncologue-radiothérapeute, à l’Institut de Radiothérapie et de Radiochirurgie H. Hartmann, Neuilly-sur-Seine.
Référentiel SENORIF
En attendant les recommandations de l’INCa, en Ile-de-France, le référentiel SENORIF, est la base de référence de nombreux établissements de la région. Elle acte que la radiothérapie hypo-fractionnée du sein n’est pas inférieure à la radiothérapie normo-fractionnée, tant sur le plan du contrôle local que sur celui de la survie globale, ni sur le plan des toxicités aiguës que des toxicités tardives radio-induites qui restent faibles.
Retrouvez notre webconférence LinK organisée le 19 janvier 2022 sur les radiothérapies du cancer du sein.
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