Au départ, ce devait être uniquement deux témoignages en vidéo. Ils étaient censés illustrer un article sur la nécessité de changer le regard de la société sur le cancer. Ces témoignages d’Emmanuel et de Catherine, tous deux membres de Patients en réseau, nous ont beaucoup touchés. Surtout, ils nous ont donné envie de vous donner la parole et de vous écouter. Parce que l’essence même de ce réseau, c’est d’échanger et de partager. Voilà comment est né le projet ‘Porteurs d’espoir’, qui va vous accompagner tout au long de l’année. Vous allez notamment faire connaissance avec Rose, qui portera la flamme olympique le 30 juin, ainsi qu’avec Annou, qui voit dans sa maladie ‘une opportunité’.

Rose : soigner son corps et son mental grâce au sport 

« Le sport a été ma bouée de sauvetage. J’ai voulu rendre mon corps plus fort face à la maladie. J’avais pris plus de 12 kilos, et le sport m’a permis de perdre du poids. Il m’a également aidé au niveau de ma santé mentale, mise à mal par le cancer. Aujourd’hui je réussis à courir 15km par semaine, alors qu’avant je ne courais pas du tout ! Je m’étais lancé le défi de participer à une course contre le cancer et de ne pas arriver la dernière. Et j’ai réussi ! Alors si moi je peux le faire, tout le monde peut y arriver. 

Je vais même bientôt porter la flamme olympique, c’est incroyable. J’ai appris la nouvelle trois ans jour pour jour après l’annonce du diagnostic. J’en ai encore la chair de poule, quelle victoire ! C’est mon mari qui a soumis ma candidature. Il est d’un très grand soutien. 

Le sport, ce sont des rencontres, de l’entraide. C’est très important de bouger. On peut tous marcher et faire de l’exercice à notre niveau, sans avoir à s’inscrire à une salle de sport. Le mouvement, c’est la vie !» 

Annou : se retrouver soi-même

« J’ai vu ma maladie comme une opportunité de changer de regard sur la vie. Je travaillais énormément et j’avais même une relation toxique à mon travail. Avec l’aide d’un psychologue et d’un médecin psychiatre, j’ai appris à vivre autrement que par la valeur du travail. Sans mon cancer, j’aurais certainement fait un burn-out. Pendant un moment, j’ai cherché des projets dans lesquels m’engager. Et puis je me suis dit, mais pourquoi absolument cette injection ‘d’avoir des projets’. Prendre le temps de vivre, de m’occuper de moi et de partager des moments simples me remplissent de joie et de plaisir. Mon projet, c’est de ne pas en avoir !  

J’ai appelé mon cancer ‘Reset’, comme réinitialisation. C’était l’idée d’une renaissance, d’une transformation. Et ce mot me faisait penser à l’expression enfantine : ‘fais risette’. J’avais envie de retrouver l’enfant que j’étais, avant d’être ensevelie sous une tonne de travail. Cela m’a aidé à mieux vivre ma maladie ». 

Emmanuel : développer de nouvelles compétences

« La maladie apporte aussi du positif. Elle permet de développer certaines compétences que l’on n’avait pas auparavant. Par exemple, elle m’a aidé à acquérir confiance en moi. Je me sens beaucoup plus posé et réfléchi. J’ai une plus grande ouverture d’esprit, ce qui me permet de gérer les problèmes avec un autre regard et d’aborder différemment les rapports humains. 

C’est important à exploiter sur le plan professionnel. Il faut voir cela comme un atout à valoriser, plutôt que de penser ‘il a un cancer, il ne va pas être productif’, alors que c’est peut-être tout le contraire justement ! ».  

Catherine : conjuguer cancer métastatique et travail 

« Lorsque l’on est atteint d’un cancer et que l’on veut continuer à travailler, deux possibilités s’offrent à nous. Soit on le cache, soit on en parle, avec le risque de réactions du type : ‘elle en parle pour pouvoir éviter de faire certaines choses’ ou ‘ elle va être trop fatiguée pour travailler correctement’. Les gens se mettent à notre place, alors que personne à par nous, ne peut savoir ce que l’on ressent et ce que l’on est capable de faire. 

Je suis persuadée que la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) est un outil très utile pour les patients atteints de cancer. Beaucoup de malades me disent, ‘non, non, je ne suis pas handicapé’.  Effectivement, mais là il s’agit d’utiliser cette carte soit pour une embauche, soit pour reconnaître que le cancer nous handicape dans notre vie professionnelle et également offrir une protection. Dans mon cas par exemple, elle m’a permis de rentrer dans l’éducation nationale. La RQTH est un outil qu’il faut absolument utiliser de manière ‘positive’ ! » 

 

Nous espérons que ces extraits vous donneront envie de visionner les vidéos. Ce sont des témoignages forts et plein d’espoir. Un grand merci à Catherine, Rose, Annou et Emmanuel d’avoir accepté de partager ces moments de vie ! 

Auteur : Sandrine Chauvard