Partout en Europe, le mois de mars est dédié à la sensibilisation au cancer colorectal sous l’appellation en France “Mars Bleu”. Nous vous proposons une rencontre avec Cyril Sarrauste, co-responsable de Mon Réseau Cancer Colorectal, dernier né des réseaux de Patients en réseau.
Comment l’association se mobilise-t-elle pour Mars Bleu 2022 ?
Tout d’abord, précisons que Mon Réseau Cancer Colorectal se mobilise toute l’année auprès des malades et des proches pour les accompagner au sein du réseau et promouvoir le dépistage. En effet, moins de 30 % des personnes éligibles, de plus de 50 ans, qui reçoivent l’invitation vont se faire dépister.
Par ailleurs, l’année dernière, nous avions réalisé une enquête sur le dépistage, dont les résultats avaient été diffusés dans la newsletter. Nous allons présenter les résultats de l’enquête sous la forme d’un e-poster aux JFHOD, les Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive, qui se tiennent du 17 au 20 mars à Paris.
Avec la Société Française d’Endoscopie Digestive et le laboratoire Norgine, nous avons lancé en février une campagne de sensibilisation « Sauvez une vie, la vôtre ! » avec des visuels très simples et explicites. Elle s’accompagne d’un kit de sensibilisation et d’une lettre envoyés aux maires de France. Le départ a été marqué par la mise en ligne d’une émission TOP Santé « Cancer Colorectal : la détection précoce pour sauver 9 vies sur 10 ! » par l’observatoire de la santé où Laure Guéroult-Accolas directrice de Patients en réseau, et moi intervenions au sujet du dépistage.
Quel est le principal souci avec le dépistage du cancer colorectal ?
L’enquête de l’année dernière nous l’a confirmé : le principal souci est l’accès au kit de dépistage. La stratégie décennale prévoit qu’il soit accessible dès la réception du courrier, soit par commande par Internet, soit en pharmacie, et bien entendu chez son médecin traitant.
Pour Internet, les résultats des expérimentations dans les différents Centres régionaux de coordination des dépistages des cancers ne sont pas encore probants. Pour la disponibilité en pharmacie, le syndicat des pharmaciens étudie la faisabilité. Une des difficultés est que les officines sont débordées avec l’épidémie de la Covid19, les tests et les vaccins, une actualité qui a donné un coup de frein à l’élan du dépistage.
L’association agit également à l’échelle européenne ?
Tout à fait. Dans le cadre de « Digestive Cancers Europe », DICE, qui rassemble depuis 2018 différentes organisations dédiées aux cancers digestifs, notamment colorectaux, à travers l’Europe. Jusqu’à, il y a quelques semaines, nous étions les seuls représentants français au conseil d’administration. Depuis peu, la Fondation A.R.CA.D a rejoint le collectif. Ils sont orientés recherche et donc complémentaires de notre action associative. Concrètement, dès que l’Europe a besoin de savoir comment cela marche en France, ils nous contactent et nous transmettons tout ce qui concerne l’accès à l’immunothérapie, le dépistage, chiffres à jour, évolution des parcours. Nous avons été identifiés comme référents.
Le point d’orgue est la campagne annuelle de sensibilisation au cancer colorectal dans toute l’Europe #ECCAM . Un visuel générique est transmis à chaque représentant pour le traduire et l’adapter, notamment au niveau des chiffres. Cette année chaque visuel est sous forme de questions et le point d’interrogation est en forme de colon. Par exemple, quel cancer est diagnostiqué chaque année chez un demi-million d’Européens dont 45000 Français ? MRCCR été chargé de la traduction française. Là aussi l’objectif est de booster le dépistage et nous sommes plutôt en retard par rapport à nos voisins européens….
Quelles seront les autres actualités de Mars Bleu ?
Les 10 et 11 mars, se tiendra une réunion regroupant tous les SIRIC (sites de recherche intégrée sur le cancer) à Montpellier durant laquelle j’animerai une table ronde sur la promotion de l’implication des patients en dans les programmes de recherche. Le 23 mars, nous participerons à un forum grand public au Centre Léon Bérard à Lyon.
Nous allons également diffuser un questionnaire sur Cancer Colorectal et sexualité. En effet, nous sommes rendus compte qu’il y avait là une grosse problématique. Seuls 18 % des hommes atteints de cancer de la prostate, qui touche directement la sphère génitale, ont pu aborder, avec leur médecin oncologue, leurs problèmes sexuels. Alors imaginez pour un cancer sans impact fonctionnel direct. Nous sommes en train de la finaliser avec Colette Casimir, qui d’ailleurs prépare une thèse sur le sujet.
En septembre, elle ira présenter les résultats aux Journées Francophones de Sexologie et de Santé Sexuelle à Montpellier.
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