François, 55 ans, est atteint d’un cancer du sein depuis 2013. Depuis sa maladie, il est passé des terrains de rugby au canoé sur la Marne. Il fait partie de l’équipage des Dragon Ladies, depuis leur création en 2013.
1% des cancers du sein touchent les hommes. Celui de François s’est manifesté sur le terrain de rugby. La protection au niveau du torse faisait « un pli » et provoquait des douleurs anormales. « J’ai fini par voir mon médecin qui a préconisé une mammographie. Chez les hommes, ce n’est pas très évident ». La biopsie confirme le diagnostic et les traitements commencent à l’institut Curie. « Cela m’avait effleuré car il y a d’autres cas dans la famille. » En effet, François est porteur de la mutation génétique BRCA1, comme Angelina Joly -et d’autres- donc le second sein est traité en préventif. « On a vu que le gène venait de mon père. » Toute la famille paternelle a été testée. “ Ils savent maintenant à quoi s’en tenir.” Pour ceux qui se demandent, les traitements sont les mêmes que les femmes avec quelques effets secondaires différents. Certains médicaments sont spécifiques, notamment l’hormonothérapie, normal. Après deux opérations, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie pendant cinq ans tout allait bien.
Le Rugby, c’était terminé ; difficile à digérer pour François, malgré les attentions de l’équipe. Puis, par hasard, une amie qui avait eu un cancer du sein un an avant et qui savait l’amour de François pour le bateau, lui parle de femmes atteintes de cancer du sein qui montent un groupe de Dragon Ladies, en septembre 2013, à peine deux mois après son opération. « J’ai intégré le groupe dès l’origine et on continue toujours. Nous sommes accueillis par le club de canoë kayak de Torcy. Nous faisons partie intégrante du club même, si on a un entraînement un peu spécifique. » François a toujours été le seul homme mais cela ne le perturbe pas. « Elles ont même refusé de participer à des évènements réservés aux femmes.” Ici, chacune des filles peut trouver la réponse à ses attentes, de manière adaptée. » Les membres du club viennent régulièrement compléter l’équipage. Les Dragons voguent sur des C9, de 6 à 9 places.
« Notre premier objectif a été d’aller à la Vogalonga, un grand rassemblement annuel dans la baie de Venise, le week-end de la Pentecôte. Nous avons réussi à faire la petite boucle. » L’équipe se déplace souvent, notamment pour aller rencontrer les autres Dragons dans le golfe du Morbihan, à Reims, à Thonon ou avec le club. En temps normal, hors covid et quand la météo le permet, les Dragons se retrouvent tous les samedi matin. « Nous passons entre 1h et 1h30 sur l’eau. Nous faisons de nombreux exercices séquences » Pour François et les filles, il s’agit d’un vrai sport très intense.
Mais, après le covid, la rechute métastatique a été un second coup de massue, avec des métastases au foie et au poumon. François se décourage un peu mais notamment grâce au soutien sans faille de sa famille et de ses amis, notamment du canoé, François se remobilise. « Je bénéficie d’un protocole d’essais cliniques qui visiblement fonctionne très bien puisque maintenant, j’ai pu reprendre l’activité professionnelle après pratiquement un an et demi d’arrêt en mi-temps thérapeutique avec une reprise bientôt à 100%. François était chauffeur dans un Ehpad, pour conduire les résidents, notamment à leurs soins extérieurs. C’est d’ailleurs l’équipe, en plein covid, qui lui a « mis des baffes virtuelles » pour qu’il aille voir son médecin.
François a dû arrêter temporairement le canoé mais il a repris dès qu’il a pu « pour voir du monde, sortir un peu, de prendre l’air, bouger. » Et physiquement, ça fait un bien fou quand la fatigue psychologique devient une fatigue physique saine. Des groupes existent dans différentes villes. Le concept est d’ailleurs né à Reims, il y a une bonne quinzaine d’années par un groupe de femmes et leur médecin qui avait constaté le bénéfice après les chirurgies du sein pour récupérer l’usage du bras. « L’expérience a plu aux filles qui ont continué. Comme pour moi. »
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