Colette, amoureuse de la vie et de la mer, a traversé des tempêtes, voir des cyclones avec son Cancer du côlon et les deux rechutes. Elle a rencontré Patients en réseau au moment où le projet de MRCCR commençait à prendre forme et a géré ce projet.

Colette a quitté son île, la Martinique pour faire des études scientifiques à Paris et y est restée. Elle a voulu « être ingénieure et faire une carrière internationale, ce qui n’était pas possible là-bas. » Son île lui manque beaucoup «  A cause de la Covid, cela fait plus de 2 ans que je ne suis pas rentrée ». Elle y retrouve son élément de prédilection, l’eau. « Quand je suis dans la mer, c’est magique et je savoure. Lors des moments de blues, au retour, j’y repense. »

La Martinique est aussi l’appel de la sœur, de « l’âme sœur », une de ses sœurs avec qui elle a toujours eu un lien très fort et particulier. Céline a été très présente lors des trois cancers de Colette. Elle est venue du jour au lendemain à Paris pour s’occuper d’elle pendant plusieurs mois.

Le cancer a bousculé la vie et l’agenda de Colette en 2004. « Je venais d’avoir une grosse promotion et mon activité me prenait beaucoup de temps et d’énergie. » Le premier réflexe, à l’annonce, a été de ne pas vouloir en parler à ses proches et de gérer cela seule. Mais dès son retour, son compagnon, Abderhamane a tout de suite deviné que quelque chose clochait. Avec sa chirurgie et ses chimiothérapies, Colette continue de travailler avec son « petit biberon branché pour les 48h de chimio en continue sous la veste ». Elle est cadre dirigeant dans une « grosse boite d’informatique et de télécom du CAC 40 ».

Colette, qui n’est encore que la première version d’elle-même, dépense beaucoup d’énergie. Si le cancer n’était pas revenu, « cela n’aurait pas vraiment été un événement important dans ma vie. » Colette, à l’époque, responsable de l’informatique et de la gestion des risques, insiste pour avoir des contrôles réguliers et deux ans après « patatras », la maladie revient.

Les médecins imposent un an d’arrêt de travail et, très vite, Colette part continuer ses traitements dans son île. « L’annonce a été pire que la première fois. Car j’étais en pleine forme et prenait une nouvelle direction dans mon entreprise. » Colette rentre à nouveau dans un monde qu’elle ne connaissait que trop bien et « qui ne m’intéressait pas du tout. Qui a envie de se faire maltraiter comme cela, » avec une ablation du côlon et des ovaires.

La reprise d’activité est un choc. « J’ai subi un Chemobrain, problème cognitif suite aux traitements pour lequel je n’étais pas préparée. » C’est le début d’une prise de recul et de la transition vers une V2. Quatre ans, « repatatras »… « J’étais en colère contre mon corps. Le projet ‘’Maladie de Colette’’ était celui que j’avais le mieux géré et il n’y avait eu aucune alerte. » Et sans l’amour de ses proches, elle n’aurait pas accepté « la chirurgie stratosphérique à se faire exploser la tête rien que d’y penser. » Abderhamane devient l’expert, « il avait des discussions d’égal à égal avec les médecins. Il a été un vrai compagnon de parcours de soins. » Il a aussi accepté toutes les conséquences quotidiennes et intimes de ces chirurgies mutilantes. Pas besoin d’être spécialiste pour comprendre que sa vie va basculer totalement mais « j’avais décidé d’y aller même si j’ai été peu préparée aux semaines en soins intensifs. »

La médecine classique ne suffit plus à Colette. Elle se rend compte qu’elle fait partie du petit pourcentage de cas complexes. Grâce à un ami indien, elle découvre l’ayurvéda et va, toujours avec son âme sœur, au Sri Lanka et en Inde trouver des solutions complémentaires. « J’ai commencé à remonter la pente avec l’aide cumulée des médecins et de l’ayurvéda, en y trouvant une nouvelle approche et une certaine spiritualité ». Quelques années après, elle est licenciée, ne se laisse pas faire, attaque son entreprise, gagne, mais le tournant est pris et Colette change de vie définitivement. Colette 3.0 est née et elle est ravie de cette nouvelle « version améliorée » d’elle-même. « Ma vie est plus belle qu’avant. J’ai fait des découvertes qui illuminent ma vie. »

Pour transformer cette expérience en expertise, Colette garde ses réflexes de gestion de projet et se forme à l’Université des patients. Elle devient « patient expert » et ingénieure en éducation thérapeutique du patient. « Je suis actuellement en doctorat sous la direction de la présidente de l’université des Patients. » Sa thèse s’intéresse aux patients ayant vécu une récidive ou un cancer métastatique. « Ils ont vu la mort de près et parle d’opportunité, chance ou renaissance. C’est ce paradoxe qui m’intéresse ».

Colette découvre Patients en réseau par hasard grâce à son oncologue et la rencontre avec une association européenne. A l’époque de ses premiers échanges avec Laure Guéroult-Accolas, le projet de Mon Réseau Cancer Colorectal démarrait.  « Je me suis retrouvée embarquée dans cette aventure avec comme objectif d’accompagner la sortie de ce nouveau réseau qui m’avait manqué quand j’étais moi-même malade. »

La voici, Colette version 3.0 apportant toutes les satisfactions espérées et même plus, sans bug majeur, il n’est pas envisagé de mise à jour !

 

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