Guérir le cancer n’est plus une utopie. Les progrès thérapeutiques ont transformé le visage de la maladie et pourtant, le regard porté sur elle est toujours très sombre. Ce décalage entre ce que vivent les patients et la perception de la société est source d’exclusion sociale et professionnelle. Il est donc urgent de changer notre regard sur le cancer, et c’est pourquoi des initiatives voient le jour, comme la création du collectif ‘Face au(x) cancer(s)’ ou encore la ‘Réflexion Nationale autour de l’Espoir de Guérison en oncologie’. Ensemble, parlons autrement de la maladie, parlons de vie et d’espoir !
« Vous avez une tumeur cancéreuse ». A travers ces mots, comment ne pas entendre « tu meurs » ? Car aujourd’hui encore, le cancer est souvent associé à la mort. Or, il est grand temps de changer notre regard sur cette maladie. Pourquoi ? Parce qu’être touché par un cancer aujourd’hui ne ressemble en rien à la situation vécue il y a une vingtaine d’année. D’immenses progrès ont révolutionné le traitement et la prise en charge des patients. L’immunothérapie ou encore les thérapies ciblées offrent un véritable espoir de guérison, une réduction du risque de rechute et une augmentation de l’espérance de vie. Par exemple, dans le cancer du poumon, qui est souvent de mauvais pronostic, la mortalité à 2 ans est passée en France de 74% en 2010 à 52% en 2020. Même les cancers métastatiques, généralement considérés comme incurables, peuvent maintenant être stabilisés sur une longue période, transformant le cancer en une maladie chronique. On estime qu’en 2027, les immunothérapies auront permis de gagner 200 000 années de vie pour les patients français atteints de cancer. Les trois quarts de ces années de vie gagnée seront des années de vie en bonne santé. « Pourtant, il existe un véritable décalage entre tous ces progrès et la perception de la société », constate Laure Guéroult-Accolas, fondatrice et directrice de l’association Patients en réseau.
Ce décalage a de nombreuses conséquences pour les malades, pouvant être à l’origine de situations d’isolement dans la sphère professionnelle ou sociale. Le monde du travail peine en effet à évoluer et à offrir des conditions adaptées aux contraintes des patients, ce qui peut entraîner l’arrêt de l’activité professionnelle. Ainsi, 20% des 18-54 ans en emploi au moment du diagnostic de leur cancer ne travaillent plus 5 ans après, avec parfois des répercussions dévastatrices sur le plan financier. Il est donc très important d’améliorer l’intégration des patients au sein de la société.
Mobiliser tous les acteurs de la lutte contre le cancer
Mais comment changer notre regard ? C’est sans aucun doute en unissant les efforts de tous les acteurs de la lutte contre le cancer. D’où la naissance du collectif ‘Face au(x) cancer(s)’, qui regroupe la fédération Unicancer, l’association Patients en réseau et le laboratoire Merck Sharp & Dohme (MSD). Ce collectif vient de présenter 10 propositions pour répondre aux nouvelles réalités du cancer en France et apporter une contribution au premier point d’étape de la Stratégie décennale de lutte contre le cancer 2021-2030. Un des enjeux majeurs est également de favoriser l’égalité d’accès au dépistage, au diagnostic précoce et aux innovations thérapeutiques.
D’autres initiatives voient le jour, comme la Réflexion Nationale autour de l’Espoir de Guérison en oncologie, créée par le laboratoire Astra Zeneca. L’idée ? Réunir médecins oncologues, psychologues, infirmiers, patients, philosophes, ou encore industriels de l’innovation pour réfléchir ensemble aux façons de parler autrement du cancer. « L’espoir de guérison devient une réalité pour de plus en plus de patients, mais quand et comment en parler, quels mots utiliser ? Par exemple, au moment de l’annonce du diagnostic, les mots qui vont être dits sont fondateurs de la manière dont on va rentrer dans le parcours de soins », explique Laure Guéroult-Accolas. Les journées d’échange et les réunions vont permettre de proposer de nouveaux outils pour accompagner les soignants : documents d’aide à la communication, formations spécifiques… Retrouvez les Verbatims de ces rencontres
On estime qu’un homme sur deux et une femme sur trois se verront diagnostiquer un cancer avant l’âge de 85 ans. Nous sommes bien tous concernés par ces maladies en tant que patients, proches ou aidants. Alors changer notre regard et parler autrement de la maladie, c’est notre responsabilité à tous !
Auteur : Sandrine Chauvard
Photo de Erik Mclean sur Unsplash