Trois questions au Dr Bertrand Mennecier, pneumologue aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg

Comment avez-vous été mobilisé dans le cadre d’AKO@dom ?

Mon service a été sollicité par Guillaume Gaud pour inclure dans la phase pilote des patients atteints de cancer du poumon, en thérapie ciblée avec des toxicités particulières. Il proposait de les suivre grâce à l’infirmière de proximité.

Cela répondait clairement à des besoins identifiés. Le premier est bien sûr l’optimisation de la gestion des effets indésirables qui surviennent à domicile entre deux consultations, au bénéfice de la qualité de vie des malades.

Par ailleurs, nous avons un bassin de population assez étalé, avec des temps de parcours qui peuvent être longs pour les patients. Certains patients viennent juste pour dire que tout va bien. Cela prend du temps aux patients et aux soignants, pour des patients qui vont bien. Les temps d’attente pour les consultations s’en trouvent allongés. La solution est donc aussi un atout majeur dans la file active de patients.

Quel est le retour des patients sur AKO@dom ?
Il est 100% positif. Les patients sont rassurés, alors qu’avec le traitement par voie orale à domicile, certains pensaient qu’on ne s’occupait plus d’eux. La dynamique et la motivation s’en trouvent renforcées avec un bénéfice en termes d’observance. Du côté des équipes, aussi, nous sommes rassurés sur le fait qu’ils sont entre de bonnes mains, même si nous les voyons moins souvent. La synthèse est accessible en deux clics, avec un résumé de tous les effets secondaires et de certaines données. Cela fait également gagner du temps lors des consultations.

Quel est le bénéfice d’un article 51 ?
Outre le financement plus solide, il s’agit d’une reconnaissance par les pouvoirs publics du caractère innovant de la solution. Ce n’est pas une start-up parmi d’autres mais une démarche innovante dans le fond et dans la forme, notamment dans la coconstruction avec une association de patients. Cela a d’ailleurs été une nouveauté pour moi. Dans le cancer du poumon, cela ne fait pas longtemps qu’elles existent aux regards des profils de patients et de la survie, jusqu’à il y a peu. Nous avions sollicité quelques patients experts mais je me rends compte de l’apport des associations à différents niveaux des parcours.

De même, le bénéfice secondaire de cette expérience est le développement de l’acceptabilité du numérique en santé. Avant de pratiquer avec Continuum+, j’étais assez dubitatif. Et finalement, on y prend rapidement goût et on a envie de le développer encore plus, sur d’autres segments parce que le numérique permet des solutions utiles. Les deux sont d’ailleurs liés. Le fait que la solution soit accompagnée par une association a facilité son appropriation et permis de développer un outil qui réponde à un besoin et à des usages.

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